Le Prado en ses Oeuvres

Il était malade, à quelques temps de finir sa vie sur terre. Les traits tirés, il accepte difficilement d'être photographié, mais pas seul : entourés de ses jeunes prêtres, et avec la croix.

Il était malade, à quelques temps de finir sa vie sur terre. Les traits tirés, il accepte difficilement d’être photographié, mais pas seul : entourés de ses jeunes prêtres, avec la croix et en montrant du doigt son ‘véritable disciple’.

Les origines de la famille spirituelle du Prado remontent au Père Antoine Chevrier (1826-1879), béatifié par le Pape saint Jean-Paul II à Lyon en 1986.

Mais quelles œuvres a-t-il laissé à l’Eglise et au monde ?

En 1850, envoyé par son évêque dans le faubourg populaire de la Guillotière en pleine expansion, ce tout jeune prêtre lyonnais a d’abord été touché par la détresse humaine et spirituelle des habitants de ce nouveau quartier, en particulier des jeunes livrés à eux-mêmes et à la rue. Dès les commencements de son ministère en paroisse, il a su se faire proche de cette population en précarité dans une industrialisation alors en plein essor, très souvent déracinée du monde rural et déstabilisée en venant chercher du travail à Lyon. Très vite, il constata l’éloignement qui grandissait entre cette population périphérique de « pauvres, d’ignorants et de pécheurs » et l’Eglise lyonnaise de son temps.

chevrier estampe quartier

J’irai au milieu d’eux et je vivrai de leur vie.

Il en vint alors à s’éloigner un temps du ministère paroissial, avec le désir de se faire plus proche de tous ceux-là : tout d’abord comme aumônier d’une Cité d’urgence récemment créée par un chrétien laïc, destinée à reloger les sinistrés d’une très grave inondation du quartier (mai 1856). Mais bientôt,  il se décida à louer une salle de bal récemment fermée, appelée LE PRADO, mais  surnommée “le bal des vaches” par les habitants du quartier, tant elle avait mauvaise réputation. 

1. L’œuvre de la première communion.

Le Père Chevrier se mit alors à accueillir dans cette immense salle de bal, gratuitement et sans les faire travailler, des séries de jeunes et d’enfants, qui n’avaient jusqu’alors pu trouver ni le chemin de l’école (pour apprendre à lire ou à compter), ni celui d’une paroisse (pour découvrir le catéchisme et se préparer à la première communion). Aujourd’hui encore, une Fondation du Prado (voir le site) réunit plusieurs établissements, où de nombreux jeunes en difficulté trouvent un suivi éducatif et humain. Bien que cette fondation soit désormais dirigée de manière autonome vis à vis de l’Institut des Prêtres, elle  se reconnaît héritière des intuitions du Père Chevrier, en particulier du regard confiant qu’il portait sur ces jeunes livrés la rue.

Cependant, tout en ayant un vif souci de les aider à se construire dans la dignité, le Père Chevrier n’a jamais eu pour simple objectif de fonder une œuvre sociale ou éducative. “Le Père” voulait surtout qu’ils puissent eux aussi connaître, aimer et suivre la personne de Jésus-Christ’, comme l’indique le nom même qu’il donna à cette initiative.

En réalité, la véritable source du Père Chevrier s’origine à Noël 1856, dans une expérience personnelle très forte de contemplation et d’union à Jésus-Christ.  Ce fût “une nuit mystique” décisive, dont les lumières surnaturelles orientèrent tout le reste de sa vie.

« C’est en méditant la nuit de Noël sur la pauvreté de Notre Seigneur et son abaissement parmi les hommes que j’ai résolu de tout quitter… Je me suis décidé à suivre Notre Seigneur de plus près pour travailler efficacement au salut des hommes. Et mon désir est que vous-mêmes vous suiviez aussi Notre Seigneur de près ». 

2. L’Œuvre de formation d’apôtres pauvres pour les pauvres.

C’est en quelque sorte “la partie immergée de l’iceberg” du Prado. Car, en dessous de l’œuvre éducative ou de l’image de ‘bienfaiteur social’ qu’il laissa aux yeux de beaucoup de gens, le Père Chevrier était surtout animé d’un désir apostolique puissant. Dès le début en 1856, il s’était senti appelé et poussé par l’Esprit de Dieu à former des ‘apôtres pour les pauvres’ – en particulier des prêtres – pour qu’ils demeurent attentifs et accessibles aux plus délaissés. Lentement, il ne cessa pas de chercher comment donner forme à cette intuition spirituelle, tout en affinant de plus en plus sa compréhension de ce que doit être un véritable disciple et apôtre, selon l’évangile. 

Mort à l’âge de seulement 53 ans, il nous a laissé un trésor de quelques 20 000 pages d’écrits et d’études d’évangile, ainsi qu’un “livre” destiné à la formation de prêtres : Le Véritable Disciple, ou le prêtre selon l’Evangile”. Il obtint des autorités ecclésiastiques la permission de préparer lui-même des séminaristes à devenir prêtres dans un esprit évangélique : leur apprenant à se donner totalement à Jésus-Christ et les encourageant à demeurer toujours proches des gens simples, en se formant directement au milieu d’eux.

En 1866, débuta ainsi “l’école cléricale du Prado”, qui s’est ensuite développé sous la forme d’un Grand Séminaire jusqu’en 2018.

Ce service se poursuit encore aujourd’hui à travers les diverses activités de formation permanente et de soutien spirituel de l’Institut, auprès des divers apôtres d’aujourd’hui (prêtres, hommes et femmes consacrés, diacres permanents, fidèles laïcs).

Des interventions sont toujours possibles (conférences, retraites prêchées, groupes suivis) pour permettre à des séminaristes, des prêtres, des diacres  ou des fidèles laïcs de découvrir la figure et la spiritualité du Bienheureux Antoine Chevrier.

Tout au long de l’année, de nombreux pèlerins passent également sur les différents lieux de mémoire du Prado, individuellement ou en groupes.